Page:Desbordes-Valmore - Poésies inédites, 1860.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 43 —


LA JEUNE COMÉDIENNE
À FONTENAY-LES-ROSES.


Légère, on la portait ! C’était comme une fête ;
Chaque fleur, pour la voir, semblait lever la tête ;
Le soleil, à pleins feux, ruisselait dans les champs ;
Une église allumait ses flambeaux et ses chants ;
Les cieux resplendissaient sans nuage, sans blâme ;
De la morte charmante ils laissaient passer l’âme,
Et les hommes en bas marchaient silencieux,
La rêverie au cœur et l’espérance aux yeux.
Plus loin, des moissonneurs penchés sur leur faucille,
Devinaient et plaignaient ce poids de jeune fille
Au deuil blanc ; car, pressé de vivre et de souffrir,
L’homme partout s’attarde à regarder mourir.

Jamais le mois brûlant n’avait vu tant de roses !
Pour de plus doux emplois elles semblaient écloses.
Le chemin les jetait sous les pieds de l’enfant
Couché, qu’on enlevait de ce sol triomphant.
Cet immobile enfant venait d’être Laurence,