L’ESCLAVE ET L’OISEAU.
Ouvre ton aile au vent, mon beau ramier sauvage !
Laisse à mes doigts brisés ton anneau d’esclavage.
Tu n’as que trop pleuré ton élément, l’amour ;
Sois heureux comme lui : sauve-toi sans retour !
Que tu montes la nue ou que tu rases l’onde,
Souviens-toi de l’esclave en traversant le monde.
L’esclave t’affranchit pour te rendre à l’amour :
Quitte-moi comme lui : sauve-toi sans retour !
Va retrouver dans l’air la volupté de vivre !
Va boire les baisers de Dieu qui te délivre !
Ruisselant de soleil et plongé dans l’amour,
Va-t-en ! va-t-en ! va-t-en ! sauve-toi sans retour !
Moi, je garde l’anneau ; je suis l’oiseau sans ailes.
Les tiennes vont aux cieux : mon âme est devant elles.
Va, je les sentirai frissonner dans l’amour ;
Mon ramier, sois béni ! Sauve-toi sans retour !