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Elle aussi, quand la lune argente sa fenêtre,
Cherche son heure au ciel ;
Et quand tous les plaisirs semblent l’avoir fait naître,
Dit que naître est cruel.

Pourquoi souffler en nous, argile sans pensée,
La pensée et le jour,
Pour nous détruire ainsi, l’âme à tout coup blessée
Par la mort, et l’amour ?

Ô vie ! ô fleur d’orage ! ô menace ! ô mystère !
Ô songe aveugle et beau !
Réponds : ne sais-tu rien en passant sur la terre
Que ta route au tombeau ?

— « Ingrate, a dit la vie, à qui donc l’espérance,
Fruit divin de ma fleur ?
Vous retournerez-vous vers un jour de souffrance,
Dans l’éternel bonheur ?

« Si vous n’entendez pas tant de voix éternelles,
Que sert de vous parler ?
Vos pieds sont las, pliez ! Dieu vous mettra des ailes,
Et vous pourrez voler.