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Sans la croix qui s’incline à l’âme prosternée,
Punie après la mort du malheur d’être née !

Mais quoi, dans cette mort qui se sent expirer,
Si quelque cri lointain me disait d’espérer !

Si dans ce ciel éteint quelque étoile pâlie
Envoyait sa lueur à ma mélancolie !

Sous ses arceaux tendus d’ombre et de désespoir,
Si des yeux inquiets s’allumaient pour me voir !

Ah ! ce serait ma mère intrépide et bénie
Descendant réclamer sa fille assez punie !

Oui ! ce sera ma mère ayant attendri Dieu,
Qui viendra me sauver de cet horrible lieu,

Et relever au vent de la jeune espérance
Son dernier fruit tombé mordu par la souffrance.

Je sentirai ses bras si doux, si beaux, si forts,
M’étreindre et m’enlever dans ses puissants efforts ;

Je sentirai couler dans mes naissantes ailes
L’air pur qui fait monter les libres hirondelles,