Page:Desbordes-Valmore - Poésies inédites, 1860.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 113 —

Elle voyait l’enfant emporté sur les flots,
Et la foi dans son sein refoulait ses sanglots.
Au bord de son oreille elle entendait : « Courage ! »
Alors elle ceignit son manteau de voyage,
Et ses longs yeux de mère interrogeant les cieux,
Demandèrent sa route aux vents silencieux.

Il se fit un grand calme au fond de sa blessure ;
On eût dit qu’on l’aidait tant sa marche était sûre ;
Et, se laissant glisser sous la pluie et le vent,
Elle jeta son âme au Dieu de son enfant :

— « Quand les autres m’ont accablée,
Seigneur, vous m’avez consolée !
Je marcherai donc devant moi,
Pleine d’amour, pleine de foi ;
L’orage est en vain sur ma tête,
Vous me parlez dans la tempête ;
Elle menace et Dieu défend :
Dieu ! guidez-moi vers mon enfant.

« Vous êtes le soutien des mères,
Le vengeur des larmes amères ;
On m’a dérobé mon trésor,
Mais vous me le gardez encor.