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POÉSIES

L’ÉCOLIER.


Un tout petit enfant s’en allait à l’école.
On avait dit : allez ! Il tâchait d’obéir ;
Mais son livre était lourd, il ne pouvait courir :
Il pleure, et suit des yeux une abeille qui vole.

« Abeille, lui dit-il, voulez-vous me parler ?
» Moi, je vais à l’école : il faut apprendre à lire ;
» Mais le maître est tout noir, et je n’ose pas rire.
» Voulez-vous rire, abeille, et m’apprendre à voler ? »

« Non, dit-elle, j’arrive et je suis très-pressée ;
» J’avais froid, l’aquilon m’a long-temps oppressée :
» Enfin, j’ai vu les fleurs, je redescends du ciel,
» Et je vais commencer mon doux rayon de miel.
» Voyez ! j’en ai déjà puisé dans quatre roses ;
» Avant une heure encor nous en aurons d’écloses.
» Vite, vite à la ruche ; on ne rit pas toujours :
» C’est pour faire le miel qu’on nous rend les beaux jours. »

Elle fuit et se perd sur la route embaumée.
Le frais lilas sortait d’un vieux mur entr’ouvert ;