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SARAH.

front penché vers la terre. Entraîné lui-même par le sentiment qui l’oppressait, il se laissa tomber à genoux, et pria pour son père. Le bruit des feuilles froissées par le mouvement qu’il fit en s’agenouillant, attira le regard de M. Primrose, qui vit son fils à l’autre extrémité du tombeau. La lune frappait sur son visage ; et l’altération de ses traits aussi doux, aussi beaux que ceux de Jenny, l’émut profondément ; il se leva et lui tendit la main sans parler, car sa présence inattendue l’avait beaucoup troublé. Edwin pressa de ses lèvres la main de son père, et la couvrit de larmes, sans oser rompre le silence qui régnait entre eux. Enfin, ne résistant plus à l’émotion qu’il éprouvait, M. Primrose l’entraîna doucement vers lui, et pour la première fois il fondit en pleurs sur le sein de son fils.