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SARAH.

elle s’échappa de ses bras, en s’écriant d’une voix brisée : « Je suis esclave ! »

Il resta quelques instants comme anéanti ; mais sa fureur contre Silvain le rendit à lui-même ; il parcourut rapidement toute l’habitation, en demandant, en appelant son père. À peine sut-il le chemin qu’il avait pris, qu’il s’élança pour le rejoindre ; et, rencontrant Silvain sur son passage, il s’écria : « Silvain ! tu paieras ses larmes ! » Silvain, qui l’entendit, courut en toute hâte se venger d’avance sur quelque innocent esclave.

Edwin parcourait le rivage avec tant d’égarement, qu’il croyait voir son père dans tous ceux qu’il apercevait et leur criait de loin : « Ô mon père ! » Personne ne lui répondait, et il recommençait à courir. Enfin, un petit nègre pêcheur lui dit qu’il avait vu M. Primrose passer à l’autre rive, dans la pirogue du vieux rameur. Edwin sauta dans celle