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SARAH.

cendrai dans l’île, et partout où mon père m’enverra. Ne sois donc plus silencieuse et triste, ô Sarah ! c’est assez de l’avoir été un jour, et un jour mille fois plus long que tous les autres jours. »

Il prit alors ses mains, dont elle cachait son visage, et son visage était baigné de larmes. Le cœur d’Edwin cessa de battre, tant le saisissement qu’il en éprouva fut grand. Enfin, l’accablant de cent questions à la fois, et mêlant déjà la colère à la tendresse, il la pressait, la suppliait, lui commandait de lui apprendre la cause de ses larmes.

Ce mélange d’autorité et de soumission de douceur et de vivacité, troublèrent à tel point Sarah, qu’elle balbutia sans ordre, et à travers des sanglots, les terribles nouvelles qu’elle venait d’apprendre. Edwin, qui croyait rêver en l’écoutant, ne songea pas même à l’arrêter quand