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SARAH.

son fils, parut tout-à-coup. Sarah ne put se défendre d’un mouvement d’effroi dont l’orgueilleux fut offensé. Il ne l’était que trop déjà de ce qu’il avait entendu ; et le sourire qu’il s’efforçait d’amener sur ses lèvres ne leur donnait qu’une expression plus amère. Les mots d’étrangère et de servitude, prononcés par M. Primerose, en détruisant ses premiers soupçons sur l’origine de Sarah, ne la lui montraient plus que comme une obscure orpheline, réduite à l’infortune, sans la compassion qu’elle avait inspirée. Il ne se fit alors aucun scrupule de l’affliger, et contenta sa colère, qui demandait à éclater.

« Vous ne voulez donc pas de Silvain, dit-il à Sarah, en l’empêchant de fuir ? vous n’en voulez pas ! il faut posséder deux cents nègres, pour vous plaire, pauvre glorieuse ! mais, je l’avais prévu, voilà le prix des bienfaits jetés au hasard ; voilà l’or-