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SARAH.

j’ai eu le bonheur de vous préserver de mille maux, avez-vous le droit d’attendre le sacrifice de mes volontés, de mes projets, de mes espérances, qui toutes reposent sur mon fils, dont l’avenir doit se séparer du vôtre, de vous, Sarah, qui êtes pour nous une étrangère ?

— Le pensez-vous ! s’écria douloureusement Sarah ; puis-je me croire une étrangère, quand je ne respire que pour vous aimer ? puis-je me créer une ame nouvelle ? quel avenir peut délier mon souvenir d’Edwin et de vous ? puis-je jamais donner à d’autres ce respect, cet amour, dont je paie vos bienfaits ?

— Si d’autres les méritent, seriez-vous assez injuste pour les leur refuser ? mais vous semblez vous plaire aux illusions tristes ; car, je vous le répète, je ne veux changer votre sort que pour le rendre indépendant de moi-même, qui ne vivrai pas toujours. »