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SARAH.

son sommeil, mais ils l’enchantaient. Silvain, qui ne voyait plus qu’un rival dans son jeune maître, sentait courir son sang de la tête au cœur, avec une effrayante rapidité. M. Primrose, plongé dans une tardive méditation, rêvait aux moyens de remplir sans rigueur ses devoirs de bienfaiteur et de père. Une action louable entraîne souvent après elle de grands sacrifices ; et, pour la première fois, il se sentit effrayé d’avoir été bon. Ses idées flottaient encore incertaines quand le jour parut.

Supposant enfin qu’il s’alarmait peut-être à tort des sentimens de son fils pour Sarah, se flattant que les craintes de Silvain les lui avaient exagérés, et qu’elle était d’ailleurs trop simple pour les comprendre et y répondre, il voulut l’interroger la première, ou plutôt lui annoncer le changement prochain qu’il préparait dans son sort.