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SARAH.

se fait haïr pour lui, en le servant avec une infatigable vigilance ?

Ces pensées ne le quittent plus ; elles lui reviennent dans le sommeil ; elles le suivent dans ses tournées, dans la revue qu’il fait trois fois le jour aux plantations, et le rendent plus actif encore ; à châtier et à compter les esclaves, qui peuvent devenir en partie les siens. Ce projet fermente et mûrit dans le silence ; il se hasarde un jour à le laisser entrevoir à son maître ; il le presse avec adresse, lui rappelle ses services, et nomme enfin le prix qu’il ose en attendre.

Aveuglé par son indulgente bonté, soumis, sans s’en douter, à l’ascendant d’un homme vulgaire qui usurpe sa confiance par l’éclat d’un faux zèle dont se contente une ame abattue dans sa vague distraction, M. Primrose ne voit dans ce projet qu’une source de bonheur pour l’orpheline. « Qu’elle y consente, dit-il, et