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SARAH.

dèrent sur le sable où je courais joyeux ; j’en eus peur d’abord, car ils étaient blancs, et je me mis à fuir. En retournant la tête, je les vis encore près de moi ; ils m’offrirent, par signe, tout ce que je désirais trouver, et plusieurs choses curieuses et jolies, que je voulus porter à ma mère. Quand mes mains furent pleines de leurs présens, ils m’enlevèrent dans leurs bras, et m’emportèrent à leur vaisseau, où je trouvai quelques enfans noirs qu’ils avaient enlevés comme moi. Nous nous mîmes tous à crier après nos mères, que nous voulions revoir, mais les hommes blancs, qui parlaient un autre langage, ne savaient sûrement ce que nous leur demandions, car ils se mirent à rire, et lièrent nos mains que nous tendions vers eux. J’appris depuis que c’était pour nous vendre. Je fus vendu ; je grandis dans les chaînes, où souvent, comme