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SARAH.

fils qu’il aimait, qui lui faisait supporter une vie désenchantée par la mort, comme il l’avait écrit lui-même au tombeau de sa femme. Ce tombeau s’élève dans une petite île que vous voyez à l’autre rive, et qui est consacrée aux tristes monumens. L’abattement de son ame le rendait insouciant sur sa fortune et ses propriétés. Silvain le représentait partout ; et, comme il arrive souvent aux serviteurs investis de l’autorité de leurs maîtres, il s’enrichissait et faisait redouter, quand son maître se faisait plaindre et chérir.

Cette autorité, dont il abusait quelquefois jusqu’à la barbarie, et que les esclaves, effrayés de sa puissance, n’osaient révéler, s’étendit bientôt sur Arsène. D’abord il lui avait demandé le secret de Sarah ; il finit par l’exiger. Choqué de son refus, il le menaça d’obtenir par la rigueur ce secret dont il