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ADRIENNE.

regardait couler sur ses mains avec une froide surprise.

Une voix déchirante brisa tout-à-coup cette longue et triste veille ; elle semblait venir du haut de la montagne, et, dans la nuit, l’écho la rendait plus déchirante encore : « Andréa ! criait cette voix lamentable ; et Adrienne se leva vivement.

— Mona, dit-elle, entendez-vous ? on appelle Andréa. Mais Mona effrayée ne bougeait pas.

— Où est Andréa ? qui l’appelle à cette heure ?… je crois qu’il fait nuit.

— Il dort, dit Mona, couchez-vous, chère maîtresse.

— Il dort ! s’écrie-t-elle, et qui pourrait dormir ici ! je veux voir cet enfant. » Elle court dans la chambre d’Andréa ; mais ses bras qu’elle étend sur son lit ne l’y trouvent pas.

« Mon Dieu ! poursuit-elle, on m’a pris Andréa, on l’emmène… Écoutez ! écoutez, comme on l’appelle ! »