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ADRIENNE.

gale, où il avait séjourné deux ans. Ses différens voyages sur mer étaient curieux à entendre raconter. Il parlait de naufrages, de prises par les corsaires, de combats dont les images effrayantes et vraies éveillent si naturellement la crainte dans les cœurs.

Adrienne, et Andréa surtout, l’écoutaient avec une émotion profonde ; à les voir, on ne pouvait douter qu’ils n’eussent tous deux des affections relatives aux sombres tableaux retracés devant eux. Quand il s’arrêtait de parler, ils le regardaient encore, et ne regardaient que lui, comme s’ils en eussent attendu d’autres récits, les seuls capables de les captiver et de les émouvoir. C’était la première fois depuis deux ans qu’Adrienne écoutait autrement que par complaisance ; et le narrateur, charmé sans doute de l’intérêt qu’il faisait naître, retrouvait toujours de quoi satisfaire ses auditeurs attentifs.