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ADRIENNE.

pas ; laissez-moi donc, laissez-moi toute entière à ces regrets tendres, qui absorbent, qui accablent, qui dévorent l’ame ! Mais de la colère, mais du ressentiment, non ! je n’en ai pas ; je ne saurais : il m’a aimée… Vous me l’avez dit, Clémentine… Hélas ! que les plaintes d’un cœur blessé sont vaines ! qu’elles soulagent peu l’oppression qui le fatigue ! mais je crois que mon cœur m’a quittée pour le suivre, et qu’il me manque pour respirer… que tout ce que je vous écris est inutile ! car ce ne sont plus les larmes qui peuvent me guérir ; j’en ai répandu trop pour en sentir encore le besoin… Mais ce profond abattement, cet ennui de moi-même, et de tout… voilà l’état qu’un cœur vraiment touché ne peut ni supporter, ni décrire. Je suis si malheureuse de dire : C’est lui qui me rend malheureuse ! je ne le dirai plus ;