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SARAH.

rendre heureux. Toi, bon nègre, ne vas pas plus loin chercher un asile pour cette enfant ; je l’accueille ainsi que toi ; elle grandira sous tes yeux. Sois au nombre de mes serviteurs ; je ne les appelle pas mes esclaves, car j’ai besoin d’en être aimé. »

Arsène se prosterna. Ses regards éloquens parlèrent, tandis qu’il bégayait dans sa joie des mots sans ordre ; et le petit Edwin sautait, poussait des cris, dansait autour de Sarah, comme un jeune chevreuil sur l’herbe des collines.

M. Primrose appela Silvain, le régisseur de l’habitation ; remit Arsène à ses soins, et l’instruisit en peu de mots de sa volonté. Silvain écouta sans répondre, regardant si le nègre était jeune et fort. Arsène était dans la fleur de l’âge et de la santé. Silvain, l’ayant observé, ne blâma pas son maître d’avoir été trop charitable ; et la grâce enfantine de