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ADRIENNE.

lettres, écrivait-elle à sa sœur : car il semble que ce nom soit effacé de tous les souvenirs ; vous seule, et Andréa, ce fidèle écho de mon cœur, vous seule, vous n’avez pas perdu la mémoire. Eh quoi ! j’existe encore, et personne ne parle plus d’Arthur. Arthur est-il donc autre chose que moi-même ? ne voyent-ils en moi qu’Adrienne, pour ne me parler jamais que d’Adrienne ? oh ! s’ils voyaient mon ame, ils n’oseraient rien dire qui ne fût pour Arthur. Mais lui, Clémentine, cet ami tendre, cet autre moi, plus aimé mille fois que moi-même, est-ce lui qui me pénètre d’un sentiment si triste ?… En repassant ces jours mille fois heureux, mille fois trompeurs, puis-je me résoudre à croire que celui qui les a fait naître pour moi, soit encore celui dont le silence et l’oubli me déchirent aujourd’hui ? quel retour