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ADRIENNE.

Andréa, ce fidèle enfant dont la pensée toujours fixée au même objet répondait sans cesse à la pensée d’Adrienne par le nom d’Arthur, la surprit le lendemain avec cette question.

« Veux-tu voir Arthur ? » lui demanda-t-il d’un ton de confidence. Elle tressaillit et l’écouta : « Couche-toi sur ton cœur, quand tu t’endors ; j’avais entendu raconter que, pour voir en rêve ceux qu’on aime, il fallait se coucher sur le cœur, où passe tout notre sang avec leur souvenir : il s’y arrête alors et nous console. Je l’ai fait pour revoir mon frère ; j’en ai bien de la joie, car je l’ai vu long-temps cette nuit, et je viens te le dire. »

Adrienne pleura ; les jours, les mois n’amenaient aucune nouvelle d’Arthur ; le peu d’amis que n’avait pas éloignés la tristesse d’Adrienne gardaient sur cet être adoré un silence qui lui devenait odieux.

« Nommez-le mille fois dans vos