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SARAH.

main sur sa bouche, et leva l’autre en signe de victoire. Son père, qui l’observait en feignant de lire, attendait avec quelque intérêt la fin de cette petite aventure.

Il vit son fils s’avancer sur la pointe des pieds, sourire à Sarah que ses caresses réveillaient, et qui lui souriait à son tour, on eût cru voir deux anges se rencontrer sur la terre et se saluer avec joie. Le bon nègre, sérieux et réfléchi, semblait méditer profondément. Cette scène muette fut interrompue tout-à-coup par la voix éclatante du jeune Edwin, qui s’écria : « Regarde ! regarde, mon père ! donne-moi ce petit enfant si beau, donne-moi ce bon nègre qui me l’apporte. Je les veux ; ô mon père, qu’ils ne s’en aillent jamais ! » et, plein d’impatience, il courait à l’enfant, qu’il voulait prendre dans ses bras, puis sautait sur les genoux de son père, qui, l’embrassant avec