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ADRIENNE.

raissait tranquille ; Adrienne le voyait, pouvait-elle se rappeler ou regretter ses larmes !

Un soir que la lune, calme et brillante, était la seule lumière qui les éclairât en frappant ses rayons sur la fenêtre ouverte, la voix tremblante de la vieille Mona interrompait seule le silence de cette belle soirée. Adrienne, que ce ton plaintif tourmentait depuis une heure, prêta l’oreille au refrain monotone qu’il ramenait sans cesse.

Haï ! bon Dieu, prends pitié bon blanc !
Fais-li pas mouri, li trop jeune encore.

« Eh ! ma bonne nourrice, lui dit-elle, que murmurez-vous donc là si tristement ?

— Je chante, petite maîtresse, lui répondit Mona »

— Je ne l’aurais pas pensé : vos chansons, Mona, ressemblent aux plaintes des eorts.

— Voici tout-à-l’heure la saison des