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ADRIENNE.

qu’il lui défendit doucement d’en reparler encore. Mais comment voulait-il qu’il l’oubliât ? comment voulait-il l’oublier lui-même, en retournant sans cesse où il la savait cachée par la crainte seule de les revoir ? Il cédait peut-être aux larmes d’Andréa, qui ne vivait plus en son absence. S’il apercevait au loin une jeune fille dont l’aspect lui rappelât Adrienne, il courait après elle en lui tendant les bras, hors d'haleine, ivre de joie. Sitôt qu’il reconnaissait sa méprise, il baissait la tête d’un air triste, et s’enfuyait avec la rapidité de l’éclair, sans répondre à celle qui l’avait involontairement trompé. « Que t’a fait cette jeune fille ? lui demandait Arthur. — Je ne l’aime pas, disait-il, ce n’est pas Adrienne, » et il devenait taciturne et morne, oubliant tous les jeux de l’enfance, dont il avait la beauté, sans en avoir l’inconstance et les goûts.

Absorbé par degrés dans une vague