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ADRIENNE.

sans se parler ; et, quand ils se parlèrent, leur voix sembla les confondre mutuellement, car ils ne purent trouver rien de ce qu’il était si simple de dire. Adrienne, toujours timide, mais naturelle et affectueuse, se sentit saisie d’une contrainte si pénible, que tous les mots qu’elle essayait de prononcer mouraient dans sa bouche. On eût dit qu’elle venait s’excuser d’un crime. Toutefois le juge ne paraissait pas moins troublé qu’elle ; enfin, comme si elle eût répondu d’avance à quelque plainte injuste, elle dit au frère d’Andréa : « Ce n’ est pas moi qui l’appelle, Monsieur ; il m’a toujours cherchée ; il me cherchera peut-être encore ; et je n’y sais plus d’autre moyen que de me cacher à l’avenir.

— Vous cacher ! lui répondit vivement Arthur : cette île entière disparaîtra donc pour Andréa ; car, depuis qu’il vous a vue, Mademoiselle, il n’y voit que vous. Non ! poursuivit-il plus