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ADRIENNE.

être plus qu’elle n’en fut aimée. Dans l’ignorance où je suis de tout ce qui le concerne, je ne vous en parlerais pas, si son souvenir n’était pour toujours lié parmi nous au souvenir d’Adrienne et d’Andréa.

Il venait du nord de l’Angleterre, et ne tarda pas à se faire distinguer par les grâces et en même temps par la singularité de son caractère. Tout le monde en parlait, tout le monde l’aimait. Vous jugez qu’il est facile à un étranger, jeune, spirituel et beau, de fixer les regards et l’intérêt du petit nombre d’habitans dont cette île se compose. « Sa figure, dit ma mère, était noble et touchante ; sa gaîté avait quelque chose de si brillant et de si vif, qu’on pouvait l’attribuer au désir de plaire ; elle n’avait peut-être d’autre but que de l’étourdir lui-même sur de fâcheux souvenirs, car souvent au milieu d’une fête, d’une conversation riante et animée, ses yeux distraits perdaient tout-