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SARAH.

avec l’horison ; mais la lune, un moment voilée, reparut avec tant d’éclat, que je marchai rapidement et sans frayeur le long du rivage. Je fus tout-à-fait rassurée quand je vis deux personnes assises sur la grève, et je fus en même temps curieuse de deviner ce qu’elles regardaient attentivement et en silence, à demi-penchées sur les flots. Leur attention y paraissait tellement attachée, qu’elles ne s’aperçurent pas de mon approche. J’observai leur maintien, qui me parut triste, et leurs traits, qui me parurent beaux. C’était une très-jeune fille et un homme aussi très-jeune. Ils suivaient des yeux deux couronnes d’acacia blanc, que le mouvement de la mer entraînait vers l’île que je connaissais pour l’asile des morts. Tandis que la jeune fille jetait encore après les couronnes quelques fleurs qu’elle ôtait de son sein, celui qui me paraissait un frère en mê-