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SARAH.

tout entière. Le regard qu’il jeta sur Edwin peignait à la fois l’émotion de son ame et l’invincible fierté qui repoussait le bienfait. Edwin l’entendit. Par un mouvement involontaire, il s’éloigna de Sarah, et s’approcha tristement de M. Primrose, qui marchait à grands pas, la tête baissée sur sa poitrine.

« Mon père, lui dit-il d’une voix basse et altérée, je n’aurai pas moins de courage que Sarah ; elle m’a appris à obéir. Ordonnez de mon sort.

— Mon cher enfant, mon digne fils, lui répondit M. Primrose, en s’arrêtant, vous voulez donc répandre quelque douceur sur une blessure profonde et sans doute mortelle ! vous m’accablez, mon Edwin, et je me sens mourir du remords qui crie au fond de ma conscience. Vous êtes tous généreux pour un homme, sur ma parole, moins prudent que cette jeune fille.