Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 2, 1821.pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
SARAH.

Les Françaises, dit-on, semblent courir en marchant ; elles ont l’air de jolis papillons qui posent avec dédain leurs petits pieds sur les cailloux ; c’est un essaim qui se presse et ne se heurte jamais. Si l’on regarde au loin cette foule variée et légère qui circule par flots dans Paris, on s’étonne de ne pas la voir s’élever au-dessus de la terre qu’elle effleure à peine.

Les femmes créoles ne savent pas courir ; mais leur taille élégante et souple se déploie avec une simplicité noble : on les suit du cœur dans leurs promenades solitaires ; elles ont, comme les palmiers de cette contrée, un léger balancement qui repose leur marche égale et rêveuse.

La douceur de leur accent, le choix involontaire des expressions tendres qu’elles adressent aux étrangers, portent au fond de l’ame un charme consolant pour ceux qui regrettent une pa-