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SARAH.

se séparer avec respect pour laisser passer plus librement ses flots, et l’on ne voit au loin les vaisseaux qui la couvrent que comme des petits oiseaux entre elle et les nuages. La ville aussi n’a plus l’air que d’un hameau dans une vallée profonde ; ses maisons basses, vertes et rouges, la plupart isolées les unes des autres, ressemblent à des carrés de fleurs au milieu d’une vaste pelouse.

Dès qu’un vent frais annonce que le soleil va se cacher, on se hasarde à traverser l’air qu’il a brûlé durant le jour. D’un pas lent, les femmes créoles se dispersent sur la montagne, promenade choisie par les rares habitans de l’île.

On n’admire pas dans leur parure les voiles de riche dentelle, dont l’usage paraît leur être inconnu, mais de simples madras flottans sur leur tête, qu’elles inclinent mollement et avec grâce.