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SARAH.

lui que depuis deux ans il avait été rappelé à la Dominique, par la mort de son père, et que toute sa jeunesse s’était écoulée en Europe. « Mon père, avait-il ajouté, ne m’a laissé que de l’or. Mes plus chères espérances sont mortes ; et je ne les puis racheter avec tout cet or de mon père. Depuis deux ans, je promène ainsi ma vie, qui n’est utile à personne, sans autre but que de m’en distraire, et d’échapper à d’amers souvenirs. » Ce peu de paroles avaient suffi pour disposer M. Primrose à plaindre un sort qui paraissait ressembler au sien.

La fuite d’Arsène, dont il venait d’être instruit, l’affligea. Il regarda ce pauvre noir comme un ingrat, car il l’avait toujours traité avec bonté, et ne soupçonnait pas la secrète rigueur de son intendant. Il fit appeler Sarah, pour l’interroger sur cette étrange fuite ; et Sarah répondit