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MARIE.

n’osait plus paraître heureuse, et Marie se reprochait d’attrister Annette.

La voix de Julien les sépara. Il appelait de loin son Annette, qui le rejoignit rêveuse. Marie les vit s’embrasser et se disputer le plaisir de porter l’enfant endormi ; ils rentrèrent ensemble sous leur toit paisible ; elle regagna le sien, seule ! toujours seule ! Que ne devinait-elle les tourmens d’un cœur qu’elle croyait avoir perdu ! qui avait tant souffert pour elle ! Triste et froide absence ! hiver de l’amour ! quel voile vous étendez sur la vérité même ! qu’il est facile de la méconnaître sous les ombres vagues dont vous l’enveloppez !

En quittant le hameau, se traînant au hasard, suivant à peine les routes qu’on lui indiquait pour gagner un autre village, Olivier s’arrêtait souvent accablé de lui-même. Souvent il retournait sur ses pas, s’arrêtait encore, et reprenait le chemin qu’il venait de parcourir deux fois ; il s’assit enfin au