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MARIE.

rait dire : Adieu, Marie ! Ceux-là lui ôtaient la respiration.

— Quelle nuit ! dit enfin la bergère en regardant la campagne attristée. — Quel orage ! dit Olivier en posant la main sur son cœur. Il semblait que l’orage fut là ! — La soirée était si belle à la prairie, ajouta-t-elle d’une voix tremblante. — Les yeux d’Olivier troublèrent son âme : ces yeux-là étaient si tristes ! Ce fut pourtant avec le courage d’un honnête berger qu’il se justifia dans l’esprit de Marie, qu’il lui rendit grâces du bonheur qu’il avait eu de la servir, et qu’il lui apprit la nécessité cruelle où il se voyait de quitter le village, parce qu’il était pauvre et qu’il l’adorait, qu’elle était riche et ne pouvait pas l’aimer. — Je vais trouver le vieux ami de mon père, continua-t-il, je ne rentrerai dans ce village trop chéri, que si je puis un jour mêler des troupeaux à ceux de ma belle maîtresse, car encore et toujours Marie sera la maîtresse du fidèle Olivier, qui