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MARIE.

revint au ciel, et Marie ferma sa fenêtre. Elle tomba sur son lit où la fatigue et le sommeil effacèrent de son esprit le rendez-vous, l’orage et la frayeur.

Les rêves prirent la place de la réalité. Ils se plaisent à distraire une âme agitée ; celle de Marie s’ouvrit à leur impression : dans cette foule variée et légère, qui s’évanouit sans laisser de trace, une erreur touchante la reporta vers sa douzième année. Heureuse année où les bergers ne font pas encore pleurer les bergères !

Elle était seule sur le penchant d’une colline, bordée d’arbres touffus et de buissons parfumés. De cette colline descendait un ruisseau qui courait dans les prés émaillés de fleurs, s’enfuyait en serpentant à travers les champs voisins, et les ornait d’une bordure d’argent. Une petite chaumière dominait sur cette colline : c’était la seule habitation de ce lieu le plus solitaire de la contrée. Les fleurs y venaient sans culture