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MARIE.

mais avec peine, car ses yeux, son âme, ses pensées, tout était fixé sur le ruban de sa bergère chérie.

« Vraiment ! poursuivit Lucas, tu fais déjà, je m’en doute, le compte de tes moutons et de l’argent qu’ils peuvent valoir ; et Marie croit que c’est à elle seule que tu rêves. Mais à qui n’a rien comme toi, il faut d’autres dons que des rubans, n’est-il pas vrai ? »

« Tu es un lâche berger, s’écria Olivier. Qui t’a dit que ce ruban vînt de Marie ? je te trouverais bien osé de le croire, et de le soutenir devant moi ! » « Osé ! dit Lucas, en raillant, ose donc, toi, démentir ce que j’ai vu. Mais non, ce n’est point Marie qui t’a donné ce ruban ; c’est toi qui l’as pris, comme aussi la place d’un autre ; et qui prend cela peut prendre tout le reste, encore qu’il n’ait rien à donner en retour. »

« Va ! dit Olivier, tout tremblant de colère, s’il m’était permis de lever le bras