Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 1, 1821.pdf/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
MARIE.

pour cette fois. — Ah ! Marie ! il peut bien s’en passer, lui ! Votre amitié vaut infiniment plus qu’un ruban, vous en aviez paré cet agneau,… vous l’aimez… — Oh ! oui, berger, reprit-elle dans l’abandon de son âme, mieux que mes troupeaux réunis, mieux que ces champs, ce côteau, ces cabanes que m’a laissés mon père. J’échangerais tout pour ce charmant agneau qui me suit sans cesse. Il me suit, berger, poursuivit-elle avec un sourire tendre et expressif. — C’est que vous l’appelez, dit-il. — Non, non, je n’ai pas besoin de l’appeler. Il me suit simplement parce qu’il sait que je l’aime. — Il sait que vous l’aimez ! Ah ! quel bonheur de vous suivre alors ! Que cela est bien facile ! et qu’il est heureux ! — Vous le croyez heureux. Eh ! bien, tant mieux, berger. Qu’il soit heureux toujours comme je veux que son maître… que tout le monde le soit auprès de Marie ! — Et deux larmes, brillantes comme la rosée sur les fleurs, roulè-