Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 1, 1821.pdf/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
MARIE.

l’obliger à retourner vers son maître dans ce nouvel et galant équipage. L’agneau se mit à fuir : Il m’entend, dit-elle avec joie ! comme si les agneaux entendaient !

Bientôt elle ne le vit plus. Elle fut d’abord contente, puis fâchée, puis inquiète. Si je l’avais blessé de ce coup de houlette ! c’est la première fois que je l’ai chassé ainsi ! où est-il !… s’il allait se perdre !… Pauvre Olivier ! Je t’aurais privé de ton agneau, ta seule richesse, ton seul amour peut-être !… tu dirais alors que je suis une méchante bergère ! Pour cette fois la crainte l’enhardit, et la douce Marie se crut autorisée à porter ses pas où l’appelait son cœur… Quelle joie pour elle d’y trouver en même temps l’agneau fidèle, et le pâtre solitaire qui le carressait à son tour avec un doux transport ! Les pieds légers de la petite Marie l’avaient apportée sans le moindre bruit : sa respiration précipitée la trahit. Olivier la devina sans la voir, et se leva plein de