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MARIE.

Mais, hélas ! vous êtes riche, et bientôt, sans doute, j’aurai deux maîtres à servir… Deux maîtres !… C’est trop pour un berger si fier. Il le sentit, regarda en soupirant les nombreux moutons de Marie, répandus au loin dans la plaine, et ses yeux revinrent avec tristesse sur son agneau, son unique agneau, qui, tout joyeux de n’être plus seul, courait et bondissait au milieu de ses nouveaux compagnons. Son jeune maître resta long-temps absorbé dans un mélange de joie et de douleur. Deux pensées l’y plongeaient : Je reste où est Marie ; que je suis heureux ! Marie est riche ; que je suis à plaindre !

Enfin Marie remercia Geneviève : Olivier les remercia toutes deux. Gardien vigilant des troupeaux de sa jeune maîtresse, il ne se plaignait plus du sort qui l’obligeait de servir. Il se rappelait parfois le vieux pasteur, le désir de son père ; puis il l’oubliait. Mais passait-il un jour