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LUCETTE.

soucieux pour ne pas suivre d’un œil content cette double espérance qui courait au plaisir !

Voilà comment ils arrivèrent à l’église. Une corbeille de fleurs, posée devant l’autel, n’aurait pas fait monter au ciel des parfums plus purs que leurs vœux. Rose ne cachait point sa joie ; elle brillait sans contrainte dans ses traits animés. On la devinait seulement dans l’ivresse plus sérieuse de Lucette. L’une rêvait au bonheur, l’autre jouait avec lui. Elles plaisaient toutes deux ; et les habitans se pressaient pour voir ce groupe dont on ne saurait peindre les grâces naïves. Elles émurent jusqu’à la gravité du pasteur qui les bénit, et qui, s’en allant après la prière, leur jeta en souriant des roses éparpillées sur le pied de l’autel. Alexis et Isidore virent bien qu’elles tombaient au fond des collerettes de leurs