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MARIE.

Cétait l’été ; le jour était aux deux tiers de sa course ; il brûlait sans accabler : ce beau jour n’en avait pas eu d’égal en beauté. Un berger pensif, et suivi d’un seul agneau, entrait alors dans un village de la Provence. Toutes les maisons en étaient fermées ; il le traverse sans trouver d’habitans : cette solitude, ces cabanes désertes ajoutent à l’ennui de son ame. Il arrive, en rêvant, jusqu’à la chaumière qui termine le hameau ; il voit sur la porte une bonne vieille qu’il salue.

« Ma mère, lui dit-il, êtes-vous seule dans ce village ? Je n’y vois personne. »

— « Nenni, berger, dit la bonne vieille ; mais c’est fête au hameau. Julien se marie : Julien est riche, et ne sera jamais plus heureux qu’aujourd’hui. Il a voulu que tout