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LUCETTE.

Par un hasard singulier, Isidore parut bientôt suivi de ses petits moutons ; il s’approcha timidement du ruisseau bordé de saules, et dit qu’il faisait bon d’être assis à l’ombre. Oui, s’écria Rose ; et quand même je pourrais courir, j’y resterais de préférence. — Que n’y reste-t-il avec nous ? dit Alexis. Il n’avait pas achevé ces mots, qu’Isidore était assis. Son chien, qui, d’un coup-d’œil, avait vu l’action du berger, courait çà et là comme pour dire aux moutons : Le maître se repose, où allez-vous ? Restez, broutez les fleurs, et buvez dans ce ruisseau. Les moutons se mirent à brouter l’herbe menue et à boire l’eau courante.

Ainsi tout respirait le bonheur et l’innocence au milieu des bergers. Réunis et groupés en rond, ils ressemblaient à une couronne des champs ; en ôter une fleur l’eût rendue imparfaite.