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LUCETTE.

et en effet, ma mère, le sort est tombé sur mon pied ; car, en me mettant à courir de frayeur par un chemin qui tournait, je suis tombée au milieu des moutons d’Isidore (il s’appelle Isidore, dit-elle en le regardant) ; il a jeté un grand cri, puis il m’a relevée plus vite que vous ne sauriez croire ; mais nous avons cherché ensemble inutilement jusqu’à la nuit la pierre à qui le méchant pâtre avait commandé de me heurter. — Belle précaution ! dit Brigitte ; qu’avais-tu besoin de trouver cette pierre ? — Pour consoler Isidore, ma mère, qui s’accusait d’avoir conduit ses moutons sur mon chemin ; je voulais lui montrer que ce n’était rien que l’effet du sortilège du pâtre, qui n’en fait pas d’autres aux jeunes bergers ; car c’est bien lui seul qui avait brouillé Lucette et mon frère. Mais il a fait disparaître la pierre,