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LUCETTE.

dans l’air, et qui passaient près de son visage, en revenant des fleurs, ni les sons vagues de quelques musettes que le vent promenait dans le bois ; elle n’entendit plus même ce calme des campagnes, cette harmonie paisible qui endort ceux qui n’ont pas les yeux gros de larmes.

C’est ainsi que Rose la trouva, quand elle accourut de son côté. — Est-il vrai que tu pleures ? dit-elle en regardant ses yeux. — Qui te l’a pu dire ? répondit tristement Lucette ; personne ne m’a vue depuis que je pleure. — Ta chèvre est-elle perdue, pour te désoler ainsi ? — Nenni, Rose, elle est là-bas qui se réjouit dans l’herbe ; un petit garçon la surveille. — Et pourquoi viens-tu pleurer ici toute seule ? — Ah ! Rose, c’est que j’ai appris à pleurer depuis deux jours, et pour deux ans. — Quoi ! s’écria Rose,