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LUCETTE.

L’alouette était trop haut pour l’entendre ; elle lui disait pourtant dans sa douleur :

Alouette, hélas ! petite alouette !
Ton cœur est content, ta voix peut chanter ;
Tes œufs sont éclos, et la bergerette
Ne t’écoute au loin que pour t’imiter.

De ton nid d’amour tu prends ta volée
Pour aller aux cieux dire ton bonheur ;
Sitôt que des cieux la route est voilée,
Tu reviens au nid reposer ton cœur.

Alouette, hélas ! sois toujours heureuse,
Au milieu des blés, du ciel et des fleurs !
Mais dans la saison qui rend amoureuse,
Demande à l’Amour d’essuyer mes pleurs.

Un bruit léger qu’elle entendit dans les feuilles la fit taire. Elle y prêta long-temps l’oreille, comme si les feuilles avaient eu quelque secret à lui apprendre ; mais le bruissement cessa, et sa tête se pencha de nouveau sur son épaule. Elle n’entendit plus l’alouette ni les bergères, ni les abeilles qui bourdonnaient