Page:Desbordes-Valmore - Les Veillées des Antilles, tome 1, 1821.pdf/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
LUCETTE.

nant ; et ton cœur bat comme celui d’une fauvette qui s’est laissé prendre. Oh ! que les enfans aiment à courir ! — Me voilà, ma mère, dit Lucette ; puis elle ajouta tout bas : Hélas ! comment donc faire ?

Marguerite avait le secret de sa fille ; elle-même l’avait livré dans sa candeur. Savait-elle aussi le nom du berger qui l’éveillait avant le soleil ? La fête, sans doute, allait le lui faire deviner. Mais Lucette s’y tint constamment près de sa mère, les yeux baissés comme à l’église. Elle ne voulut pas danser dans le rond des petites filles, formé un peu loin des autres groupes ; Rose y régnait seule ce jour-là. Seule, elle instruisait ses plus jeunes compagnes, leur apprenait les figures et les chaînes, en profitant du même hautbois dont les sons perçans étonnaient les échos les plus lointains,