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PRIÈRES.

Moi j’y vis en tous sens, comme l’oiseau qui vole ;
Je monte aux murs en fleurs, aux fruits plantés pour moi :
Viens ! je partagerai les plus beaux avec toi ;
Viens ! nous partagerons tout, excepté l’école.
Depuis que je t’ai vu pour la première fois,
Je ne fais que chanter pour imiter ta voix.
Oh ! les hommes devraient chanter au lieu d’écrire !
L’encre et les lourds papiers les empêchent de rire.
Oiseau ! tu chanterais pour moi si tu m’aimais :
Mais, tu t’en vas toujours, et tu ne viens jamais !

Viens : sois reconnaissant. Je tiendrai ta fontaine
De verre toujours fraîche et, sois sûr, toujours pleine.
L’école, c’est ma mort : jamais tu n’y viendras.
Je serais bien fâché d’y faire aller personne !
Je n’ai jamais sommeil que quand l’école sonne.
Toi, sans penser à rien, libre, tu m’attendras
Dans ta cage : elle est neuve et solide et cachée
Sous la vigne flottante autour de ma maison ;
Tu verras le soleil descendre à l’horizon
Et tu diras le jour à ma mère couchée.