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PRIÈRES.

Tous, saluant de loin votre front qui rayonne,
Ont fait voler sur vous couronne sur couronne :
En avez-vous assez, Madame ! et verrons-nous
Devant plus de génie un grand peuple à genoux ?

Demain, de tant d’amour doucement apaisée,
Rêveuse, et sur vous-même un instant reposée,
Vous pourrez, rendant grâce au Dieu qui vous forma,
Vous écrier aussi : Vivre est doux ! on m’aima !
Nous seuls avons l’effroi de votre solitude ;
Vous en avez d’avance enchanté l’habitude :
Beaucoup d’infortunés, que vous ne nommez pas,
Savent à quels réduits vous élevez vos pas.
De ce charme voilé Dieu seul sait le mystère ;
Vous n’en avez rien dit aux riches de la terre :
C’est l’à parte divin ! L’Église le saura,
Et du péché de plaire un jour vous absoudra.

Oui, tout ce que Dieu fit à la grâce accessible,
À l’amour incliné vous l’avez fait sensible.