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PRIÈRES.

Te voilà donc heureux, jeune homme aux lèvres pures ;
Incliné dès l’enfance à de saintes cultures ;
Qui n’as chanté l’amour qu’en l’adressant au ciel,
Et n’y pus supporter une goutte de fiel !
Te voilà donc heureux ! Je bénis l’Italie :
Elle a penché l’oreille à ta mélancolie ;
Elle a, dans l’un de nous, payé pour ses enfans,
Que Paris fit toujours riches et triomphans !


Quand tu redescendras vers ta blonde famille,
Par ces carrefours verts où la Madone brille,
Où la lune répand d’éclairantes fraîcheurs
Sur les fronts altérés des pauvres voyageurs ;
Où le gaz argenté de cette humide lampe,
Des tournantes hauteurs frappe la vaste rampe,
Si la cascade, ainsi que de profonds sanglots,
Sur tes pieds ramenés laisse rouler ses flots ;
Si l’espoir qui bruit, au fond de la chapelle,
Comme un pur filet d’eau te salue et t’appelle ;
Oh ! viens-y respirer, d’une profonde foi,
Les bouquets qu’en passant nous y laissons pour toi.