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PRIÈRES.

Dors au bruit des tombeaux dont la poudre frissonne ;
Ils se réveilleront. Je n’éveille personne,
Moi ; je suis la prière inclinée à genoux,
Disant à la Madone : Ayez pitié de nous !
Je suis l’aile d’oiseau qui traverse la terre,
Et qu’arrête en passant ta splendeur solitaire ;
Je suis le grain de sable à tout vent emporté,
Sollicitant aussi sa part d’éternité.


Tout veut vivre. Altéré de longs bruits, de longs rêves,
Tout veut planter sa fleur sur d’immuables grèves ;
Tout veut nouer ses jours à d’innombrables jours,
Et crier en fuyant : Toujours ! toujours ! toujours !
Le vieil aveugle aussi qui chante à la guitare,
Dont le souffle s’épuise et dont la voix s’égare,
Sent-il qu’un cercueil passe en son chemin obscur :
Aveugle et vieux, il fuit en repoussant le mur.
Sa bouche était ouverte à chanter Métastase ;
Le soleil et la brise enlevaient son extase ;
De longs jours ruisselaient au fond de son cachot ;
L’espoir battait de l’aile à son front nu, mais chaud ;