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GŒTHE EN DÉSHABILLÉ.

On n’a pas oublié avec quelle ferveur curieuse fut accueillie, il y a plus de vingt ans, la traduction des Propos de table, de Martin Luther. L’interprète et l’éditeur, qui n’était pas moins que M. Michelet, ouvrait au public des perspectives indéfinies. C’était un nouveau Luther qui se dressait devant les lecteurs dans ces pages éloquentes et familières : non plus seulement le moine enthousiaste et rebelle, mais le poëte de la Warburg, le précurseur des mélancoliques d’outreRhin, mais le père de famille inépuisable en tendresses souriantes et en douceurs enfantines, mais l’ami joyeux parmi ses compagnons de lutte, accoudé à l’auberge devant la bière saxonne et devisant avec Amsdorf ou Justus Jonas, comme un étudiant de nos jours. Le vrai Luther était révélé, et le grand Luther n’y perdait rien.

Un ouvrage de ce genre vient de paraître, traduit de l’allemand par M. Charles, édité par M. Hetzel. Serat-il reçu par le public avec la même émotion littéraire ? Nous le voudrions, car les Entretiens de Gœthe et d’Eckermann nous semblent présenter le même intérêt